Dans la première moitié du 20e siècle, la France se dota d'un très important ensemble de réseaux et de lignes secondaires, le plus souvent à voie étroite. A cette époque, la plupart des déplacements se faisaient par le train mais très peu de trajets correspondaient à des loisirs. La durée du voyage n'était guère prise en compte dans cette société où le temps n'était pas encore uniquement de l'argent, la vitesse du train ne constituant pas un argument de vente pour les petites compagnies.

Avec le développement du transport automobile les chemins de fer secondaires disparurent à quelques rares exceptions près ; pensez-donc la liberté offerte par la voiture, la vitesse et le temps gagné allaient être source de bonheur pour tous ! Et puis, petit à petit, on découvrit que l'homme était profondément dépendant des rythmes naturels et que, s'il cherchait à les transgresser, de grands désordres s'en suivaient dans son esprit. Alors, de ci de là, quelques pionniers se mirent à la recherche de nos racines : monuments anciens, coutumes et traditions locales, véhicules d'autrefois dont, bien entendu, les trains.

Qu'en est-il aujourd'hui ? Des centaines de milliers, un million peut-être, de voyageurs empruntent chaque année, à la belle saison, des trains touristiques, retrouvant le plaisir d'avoir le temps, rêvant de ce que fut une époque pas si éloignée. Et puis, paradoxe bien sympathique : de nos jours, certains chemins de fer touristiques transportent en quelques mois plus de voyageurs que le chemin de fer secondaire d'origine n'en voyait passer en une seule année dans ses derniers temps ! Comme autrefois, des correspondances sont parfois possibles dans les gares du grand réseau, la SNCF ayant vaincu ses réticences et découvert que les voyageurs des trains touristiques pouvaient être amenés à pied d'oeuvre par le rail national. Quelques collectivités territoriales ont compris que le bien-être des citoyens passait aussi par des bonheurs simples et apportent leur aide à ceux qui se dépensent sans compter pour faire rouler les nouveaux secondaires.

Certes il ne faut pas rejeter le progrès mais ne jamais oublier que dans tous les domaines c'est l'équilibre qui peut être source de bonheur. La rapidité d'un TGV, le confort d'une automobile seront d'autant plus appréciés qu'il sera possible, parfois, de retrouver le confort d'autrefois sur les banquettes de bois d'un petit train soufflant et cahotant.