L'hiver a été rude cette année et, sur le plateau du Santerre, il a encore fortement gelé cette nuit ; pourtant, ce samedi matin, ils sont déjà là à s'affairer sur la ligne qui court le long de la route départementale. Il s'agit de ballaster la portion de voie ferrée qui a été rénovée le samedi précédent. Les locotracteurs et leurs deux berlines font la navette et apportent régulièrement la cargaison de cailloux que les hommes étalent aussitôt et bourrent sous les traverses.

Un soleil rouge s'élève lentement sur la plaine, le vent du Nord devient agressif, les visages se crispent sous les bonnets de laine mais le travail progresse, on plaisante, on s'interpelle et finalement on s'échauffe à travailler ainsi. Eux, ce sont des bénévoles qui sont donc des passionnés et qui font vivre un chemin de fer touristique qu'il faut entretenir pendant la morte saison ; deux semaines plus tôt ils avaient abandonné le chantier de voie vaincus par la neige, la semaine prochaine ils auront peut-être la pluie pour compagne ou le soleil pour compagnon. Cet après-midi, d'autres travaux les attendent à l'atelier ou pour un terrassement près du dépôt.

Ils sont des dizaines qui se retrouvent ainsi chaque semaine en France ou ailleurs et, quand viendront les beaux jours, les voyageurs, se laissant aller aux joies d'une promenade insolite en petit train, ne sauront pas combien d'efforts ont été nécessaires cet hiver pour leur plaisir d'aujourd'hui.

Dans les coulisses cet hiver il y avait des bénévoles... tout simplement !