Editorial Voie Etroite N°217
Décembre 2006-Janvier 2007
Rester sur terre...
Noël approchant, on se prendrait vite au jeu de rêver plus que de raison et de croire que ce qui se fait ailleurs peut se faire chez nous...
Ailleurs, c'est au pays de Galles. Une sorte de monde merveilleux où la concentration de lignes touristico-historiques à vapeur dépasse ce que nous pouvons raisonnablement supporter sans en revenir avec des séquelles indélébiles. Un “Disneyland” pour amateurs ferroviaires en quelque sorte ! À tel point qu'une piqûre de rappel régulière est nécessaire afin de mieux sentir, au retour, le fossé qui nous sépare de ce que l'on peut y voir. Le retour sur terre est parfois brutal.
L'exemple le plus frappant (je vous ferai grâce des reconstructions à neuf de locomotives à vapeur, voitures voyageurs historiques, etc.) est bien sûr la résurrection du Welsh Highland Railway, modeste ligne à voie de 60 cm de 40 km de longueur, fermée depuis 70 ans, dont les travaux de reconstruction avancent à grands coups de subventions (un peu plus de sept millions d'euros pour la tranche déjà en service !) et de dizaines de milliers d'heures de bénévolat. Il a suffi de cinq ans pour ouvrir la première section de 8 km (ce qui n’est tout de même pas mal pour un début...) et de seulement trois années supplémentaires pour la section suivante de 11 km ! Sachant que les travaux se déroulent dans des zones complètement inhabitées, au coeur du Parc National du Snowdon.
La vitesse de croisière étant maintenant atteinte, la dernière phase avance à pas de géant et les 21 km restant seront inaugurés en 2009. Et je ne parlerai pas du matériel roulant qui a été remis en service depuis le début des travaux...
Et pendant ce temps en France, certains attendent depuis des années de pouvoir poser leur premier rail...
Loin d'être déprimant, ce constat est au contraire motivant et doit nous inciter à redoubler d'efforts. S'ils le font...
David Blondin