Editorial Voie Etroite N°229
Décembre 2008-Janvier 2009
Mémoire collective...
Une initiative locale “d’anciens de la voie de 60” du réseau sucrier de Vis-en-Artois (Pas-de-Calais), qui ont mis sur pied une exposition comportant de nombreux documents et photographies d’époque, à l’occasion des cinquante ans de sa fermeture, a mis en émoi le petit monde des ferrovipathes betteraviers. Voie Étroite qui vous avait fait découvrir l’histoire et la vie de ce réseau dès 1991 (VE n° 122/123/124/125) avait, avec d’autres, suscité des vocations d’historiens du rail dont on mesure aujourd’hui, au 21e siècle, l’importance de la démarche.
Préserver une voie ferrée et quelques véhicules chargés d’histoire, les faire classer parmi les monuments historiques, les restaurer et les présenter en fonctionnement - préservant du même coup quelques métiers en voie de disparition (chauffeur et mécanicien vapeur, chaudronnier-constructeur de chaudière de locomotive...) -, n’est qu’une partie de l’action que nous menons tous, pour prouver aux jeunes générations que le monde a existé avant “le virtuel” et qu’il roulait des trains avant le TGV.
Il est en effet tout aussi important de “faire parler” ces véhicules en retrouvant leur histoire à l’aide de documents ou de rencontres avec leurs anciens serviteurs, toujours riches en anecdotes sur la vie de tous les jours ou en détails techniques qu’il est inutile de réinventer. Quelques associations et particuliers s’y emploient, leurs démarches facilitées par le développement des échanges via Internet (pour une fois que le progrès peut servir l’histoire) permettent de mieux comprendre jusqu’au plus petit détail : “Ce support au-dessus de la porte du fourgon devait bien servir à quelque chose.”
La voie de soixante a cessé toute activité à Vis-en-Artois en 1958 et ce fut un réel plaisir de parler avec ces témoins qui ont pris l’initiative de nous transmettre leurs souvenirs et leurs documents, complétant ainsi notre action de préservation menée sur le terrain.
Alain Blondin