Editorial Voie Etroite N°236
Février-Mars 2010
Bonne année 2010 !
L’année qui commence et la saison des circulations touristiques et (ou) historiques qui approche à grands pas provoque enthousiasme ou stress, suivant que l’on soit un passionné contemplatif ou un acteur du mouvement de préservation ferroviaire. Pour les plus impliqués dans la vie de tous les jours d’un musée ou d’un chemin de fer préservé (quelquefois les deux en même temps), il s’agit de s’assurer que tous les travaux indispensables à la réouverture ont bien été programmés ; qu’ils sont en cours d’exécution ou sur le point de l’être. Bien entendu, s’il ne s’agissait que de passer des commandes puis de réceptionner le chantier pour confier la facture au trésorier, tout cela serait d’un banal... à s’ennuyer ! Dans la plupart des cas, c’est une équipe de bénévoles renforcée éventuellement de quelques salariés qu’il faut motiver (l’hiver il fait froid et il n’y a pas de trains à conduire) pour que l’oeuvre collective soit prête à l’heure : “faire l’heure”, un challenge encore d’actualité chez les cheminots passionnés. C’est ainsi qu’on se retrouve en pleine tempête à poser de la voie ou étaler du ballast parce qu’on a décidé que c’est une priorité, tandis que d’autres réparent locomotives à vapeur et voitures voyageurs dans un dépôt non chauffé... parce qu’il ne suffit pas d’avoir de bons rails. À chacun sa passion, me direz-vous ; mais la machine administrative que rien n’arrête oblige à d’autres tâches qui n’attendent pas et doivent être jugées prioritaires par les dirigeants devenus chef d’entreprise bénévole par obligation, tout simplement. Tombé dans ce piège sans fond, on ne risque plus de s’ennuyer tant les demandes sont nombreuses et la liste chaque année plus garnie ; au point de manquer de temps pour se faire plaisir. Heureusement, quand on est venu à bout de tout ça, il y a la satisfaction d’avoir fait ce qu’il faut pour que cette année encore ça roule, en espérant que la technique ne nous jouera pas de mauvais tour et que le tableau de service ne sera pas trop difficile à remplir (si, si, même l’été quelquefois). Rien que du banal en quelque sorte et ça n’est pas 2010 qui va y changer quelque chose, sauf qu’au 21e siècle il y a Internet et ses forums de discussion ; s’il vous reste quelques minutes pour vous détendre, ne ratez pas ça car vous y apprendrez par pseudo interposé qu’il est inadmissible que telle locomotive se soit vue affublée d’une hotte à charbon, que son changement de marche soit dorénavant à vis, que ses bandages de roues soient peints en blanc ou que la couleur de ce wagon ne soit pas celle d’origine et ses marquages exécutés avec des caractères non conformes, etc, etc. Je serai tenté de dire à ces donneurs de leçon que le vrai changement en 2010 serait qu’ils viennent participer et donner leur avis les outils à la main en poussant la porte du dépôt le plus proche de chez eux... allez, bonne année à tous !
Alain Blondin