Editorial Voie Etroite N°240
Octobre-Novembre 2010
Du nouveau, pour quoi faire ?
Mon expérience personnelle m’amène régulièrement à me tourner vers le milieu de la préservation britannique. On est souvent admiratif devant la multitude de chemins de fer touristiques, de musées, de locomotives en état de marche et surtout le nombre de bénévoles oeuvrant dans ce milieu. On pourra sans cesse se plaindre de ne pas être aussi nombreux en France et que nous ne puissions en accomplir autant, cela n’y changera rien. Différence d’histoire, de culture, de mentalité peut être…
Alors, dans ce cas, pourquoi chercher à se disperser ? Les quelques lignes touristiques que nous avons en France n’ont pas toujours la vie facile entre les soucis financiers, les problèmes de voisinage, les tracas administratifs, les ennuis techniques ; il faut faire face sur tous les fronts. Certains s’en sortent très bien mais il y a beaucoup de petites structures qui peinent à se développer faute notamment de bras supplémentaires.
Est-il donc raisonnable, une fois ce constat établi, de chercher à créer de nouveaux chemins de fer touristiques ? Il y a certes du matériel à restaurer en stock, mais encore faut-il l’acquérir et avoir les fonds nécessaires à sa remise en état de marche aux normes actuelles. Ce ne sera certainement pas le cas d’une structure naissante. On passera rapidement sur les aspects couvrant l’infrastructure, les autorisations d’exploitation désormais nécessaires, etc. Sans compter la sollicitation financière accrue des collectivités locales ou régionales qui diminuent d’année en année les budgets consacrés à nos associations, crise oblige…
Du côté des bénévoles, même si, fort heureusement, des jeunes franchissent le pas, les équipes à l’origine des premières lignes voudraient bien lever un peu le pied. On ne peut pas dire que l’effectif global augmente. Pire, la création d’une nouvelle structure risque d’occasionner le départ de bénévoles déjà présent sur un chemin de fer proche.
D’un autre côté, les associations qui ont des bénévoles en nombre suffisant peuvent tourner correctement, offrir un produit de qualité, attirer plus de voyageurs, d’où plus de bénévoles... Et loin d’une simple hypothèse, c’est un réel constat.
Faut-il dépenser autant d’énergie, de moyens techniques ou financiers, pour créer une nouvelle structure alors que certaines associations existantes en manquent ?
Concentrons-nous sur l’existant, il y a déjà tant à faire.
David Blondin