Editorial Voie Etroite N°242
Février-Mars 2011
Le désert ferroviaire
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais dès que je longe une voie ferrée en voiture, j'espère y voir un train, TER, Corail ou TGV peu importe ; tiens, je viens d'oublier FRET, ce doit être un signe. Parti début octobre dernier pour un périple de près de 3000 km à la rencontre d'amis et pour rendre visite à la famille éloignée, j'espérais donc ponctuer ce voyage d'intermèdes ferroviaires. Très (trop ?) impliqué dans la préservation du patrimoine à voie étroite, je n'ai pas le temps de pratiquer la chasse photo au bord des voies, mais quand l'occasion se présente... Ce dimanche ensoleillé, je longe la LGV Nord où pourtant circulent des rames de toutes les couleurs, mais rien en vue ; poursuivant vers la Bourgogne en évitant la région parisienne, je coupe plusieurs lignes électrifiées où rien ne circule. Petite halte en gare de Toucy pour y rencontrer les membres de l'AATY qui ont sorti leur Picasso pour la fête de la Gare ; ouf, un train ! Faisant halte à Roanne pour la nuit, ce fut donc la seule rencontre du jour. Étape ardéchoise le lendemain, où ce ne fut guère mieux, même en suivant la ligne de la rive droite du Rhône pendant plusieurs kilomètres ! Passage par Anduze pour saluer les amis de la CITEV (tiens, une loco en chauffe) avant de traverser le Lubéron pour atteindre la Provence et la gare d'Annot, sans avoir rencontré le moindre convoi ferroviaire (heureusement les CP circulent encore entre cette gare et Nice). Le retour s'effectue par Briançon, Albertville (Oh, miracle, j'y aperçois furtivement un TER Corail réversible... mon premier train), Chamonix, où seul le Montenvers circule, puis la frontière suisse atteinte jeudi soir : cinq jours et un seul train sur le grand réseau national ! La chance n'est pas avec moi, ou je viens de traverser un “désert ferroviaire” et je me dis que RFF devrait brader ses sillons disponibles.
Heureusement, dès Martigny atteint côté Suisse, en longeant la ligne vers Aigle, ce fut un ballet de convois voyageurs ou marchandises me doublant ou me croisant au point que la présence simultanée de trois trains de compagnies différentes en gare ne m'étonna même pas ! Rentré dans la Somme, je me suis précipité au dépôt de Froissy... pour y voir des trains historiques et bien vivants : heureusement que les passionnés sont là pour les entretenir et les faire circuler… près d'une route.
Alain Blondin
NB : Depuis, il y a eu décembre et son épisode neigeux avec cinq lignes fermées pendant cinq jours ou plus : le désert blanc !