Editorial Voie Etroite N°250
Juin-Juillet 2012
Le renouveau du métrique
À la fin du 19ème siècle et dans le premier quart du 20ème, on construisit de nombreux chemins de fer dits secondaires, le plus souvent à voie métrique, formant un maillage fin entre les lignes des grandes compagnies. Ces chemins de fer constituèrent, parfois, de véritables réseaux parfaitement structurés : Côtes-du-Nord, Vivarais, Sud France, Réseau breton, etc. Certaines lignes, construites souvent à des fins électoralistes et sans réelle utilité, eurent une existence éphémère, mais nombre d'entre elles résistèrent à la déferlante automobile qui en élimina beaucoup avant la seconde guerre mondiale ; le démantèlement s'achevant, pour celles qui restaient, dans les années 50/60. En France, seules subsistaient, à la fin du 20ème siècle, cinq lignes (à l'exception des lignes purement touristiques) dont la pérennité semblait bien menacée. Les pouvoirs publics, prenant enfin conscience de leur intérêt, étudièrent un programme de modernisation qui s'applique depuis quelques années et se poursuit actuellement. Ainsi le Train Jaune de Cerdagne a reçu de nouvelles rames tout comme le CF du Blanc - Argent ; ce dernier voit enfin confirmé le renouvellement de son infrastructure tout comme celle de Saint-Gervais - Vallorcine, ligne dotée de nouvelles rames depuis quelques années. Même processus en Corse et en Provence pour la ligne Nice - Digne, avec remise à niveau de l'infrastructure et achat de nouveau matériel. On peut donc considérer que ces lignes sont sauvées et vont attirer de nouveaux voyageurs. Et puis, “cerise sur le gâteau”, voilà que l'on met en service en ce printemps 2012 une nouvelle ligne à voie métrique qui va permettre aux touristes d'abandonner leurs voitures pour gagner le sommet du Puy de Dôme. Et l'on se prend à imaginer ce qu'auraient pu devenir certaines lignes hâtivement supprimées si l'on avait voulu les moderniser ; on peut envisager, par exemple, le cas de la ligne Saint-Brieuc - Paimpol des CdN qui bénéficiait d'une superbe infrastructure avec ponts et viaducs impressionnants (certains subsistent toujours) et qui desservait la Côte d'Emeraude et ses nombreuses stations balnéaires. Électrification, trains confortables et fréquents, tel aurait pu être le destin de cette ligne et de bien d'autres, mais nous ne sommes pas en Suisse, référence absolue en ce domaine, tout comme sur le réseau métrique de la côte Cantabrique au nord de l'Espagne ou d'autres réseaux en Europe. Il y a 40 ans qui aurait envisagé le spectaculaire retour du tramway en France ? Mais n'allons quand même pas jusqu'à imaginer qu'il pourrait en être ainsi pour les chemins de fer secondaires, quoique… lorsque l'essence sera à 10 € le litre !
Jacques Lefèvre