Editorial Voie Etroite N°252
Octobre - Novembre 2012
L’état originel...
La restauration d’une locomotive à vapeur nécessite parfois une reconstruction quasi-complète et le remplacement de nombreux éléments. Des accessoires aux tuyauteries, en passant par la carrosserie ou encore la chaudière, lors d’une remise en service, ou au fil des révisions, le nombre de pièces d’origine diminue peu à peu. On peut alors légitimement se poser la question de l’authenticité historique de la locomotive aujourd’hui en service. S’agit-il encore de la locomotive d’origine, parfois classée Monument Historique, ou d’une “presque copie” tant le nombre de pièces d’origine est réduit à sa portion congrue ? Et pourtant les pièces remplacées l’ont été à juste titre, car sans cela la locomotive ne serait pas dans un état mécanique ou de chaudière suffisant pour reprendre du service en toute sécurité. Donc remettre en service ou garder en état d’origine ?
Et c’est quoi l’état d’origine ? La remise dans l’état sortie d’usine est-il plus justifié que l’état dans lequel une locomotive a fait la majorité de sa carrière ? Car les modifications ont parfois été nombreuses. L’ajout d’accessoires, d’un bissel, d’un tender… ne furent pas choses rares sur les locomotives à voie étroite par exemple.
Pour la première question, nos amis britanniques avaient émis dans la presse spécialisée, il y a plusieurs années déjà, l’hypothèse que ce qui définit l’identité d’une locomotive, c’est le châssis ; car s’il y a bien un élément qui est conservé systématiquement, c’est celui-ci et, sauf avarie sérieuse, ses essieux et roues. Le remplacement des autres constituants fait partie de la vie d’une locomotive, et a pu parfois intervenir bien avant sa préservation, y compris pour la chaudière. Pour ce qui est de la version à choisir lors de la remise en service, toutes les réponses sont valables du moment qu’elles sont historiques. C’est au final une question de choix d’époque ou de préférence esthétique. On peut même ne pas figer les choses. Parfois un simple changement de livrée et de quelques accessoires peut modifier complétement une locomotive.
Il vaut mieux donc se réjouir tout simplement de voir une locomotive revenir à la vie, plutôt que de discuter sur certains détails sujets à interprétation.
David Blondin