Editorial Voie Etroite N°255
Avril - Mai 2013
Tristesse... espoir !
La tristesse est bien le sentiment que l'on éprouve lorsque l'on apprend la disparition d'un chemin de fer touristique. Celle de “Viaduc 07” (V.E. n° 232, 3/2009) n'a pas fait la une des médias et pourtant ce chemin de fer très attachant avait tout à fait sa place dans cette belle région de l'Ardèche méridionale pour le plus grand bonheur des touristes et des amateurs ferroviaires. J'avais eu l'occasion, en 2009, d'apprécier l'accueil chaleureux de l'équipe de passionnés qui l'animait. Mais hélas, l'enthousiasme et la passion ne pèsent pas lourd devant les embûches administratives, techniques, financières et parfois associatives et, malgré le dévouement des bénévoles, le petit train a rendu les armes. Le beau viaduc de Vogüé et les falaises alentour ne renverront plus l'écho des coups de trompe des autorails. Quelques engins seront peut être récupérés par des associations, mais une bonne partie du matériel sera ferraillée.
Dans un autre registre, c'est le Chemin de fer de la Mure (V.E. n° 178, 03/2000) qui risque de disparaître à son tour, tout au moins pour ce qui est de l'intégralité de son parcours ; le tronçon supérieur, s'il était remis en service, n'inclurait que partiellement la partie la plus sublime de la ligne. Il est quand même navrant de constater que cette attraction touristique majeure, un des plus beaux parcours ferroviaires, ne trouve pas, auprès des autorités responsables qui en ont la charge, une volonté de tout mettre en œuvre pour rétablir les circulations sur l'ensemble du trajet, d'autant que la caténaire avait été remise à neuf il ya quelques années avec une voie bien entretenue. Entendrons-nous encore le ronflement des tracteurs Sécheron hissant, jusqu'au Grand Balcon, leurs rames colorées dans les méandres de Notre-Dame de Commiers ? On sauve cathédrales et châteaux, ce chemin de Fer est, lui aussi, un monument à préserver.
Par contre, la tristesse n'est plus de mise dans le Vivarais où, là, les politiques ont été à la hauteur de leurs responsabilités pour remettre pratiquement à neuf (infrastructures et matériel) ce fleuron des chemins de fer touristiques français (V.E. n° 174, 5/1999). Certes, les nostalgiques regretteront les installations historiques de Tournon et le tronc commun, mais le sauvetage de l'essentiel est assuré, ce qui n'était pas évident il y a quelques années.
Tout comme les humains, les chemins de fer touristiques sont des organismes qui naissent, vivent et meurent parfois, certains réussissant même à guérir de graves maladies grâce à la ténacité de bénévoles et de responsables avisés.
Jacques Lefèvre