Editorial Voie Etroite N°272
Février - Mars 2016
Un centenaire qui se porte bien
Il y a cent ans, on s'activait dur à l'arrière du front, sur la rive gauche de la Somme, afin de poser sur les chemins existants (et quelque fois à travers champs au prix de terrassements conséquents) les voies étroites destinées à assurer la logistique d'une grande opération militaire prévue pour le début de l'été. Les moyens de l'époque, même s'ils n'étaient pas mécanisés, permettaient une avance journalière supérieure au kilomètre grâce à la participation de plusieurs centaines d'hommes bien formés et encadrés. Plus de 300 kilomètres ont ainsi été posés au départ de la gare des buttes située entre Marcelcave et Villers Bretonneux, là où s'opérèrent les transbordements des vivres et munitions arrivées par la voie normale des chemins de fer du Nord. Ces mêmes voies normales furent ensuite posées jusque Froissy puis Albert pour les besoins de l'ALVF. Exploité par l'armée anglaise ce réseau a parfaitement rempli sa mission en acheminant au plus fort de la bataille de la Somme, jusqu'à 1500 tonnes de munitions par jour ; confirmant les prévisions du Colonel Péchot sur la facilité de mise en œuvre et la capacité de transport de la voie à l'écartement de 60 cm.
Dès la fin du conflit, c'est dans les villes qu'une partie des voies et du matériel roulant récupéré a participé à l'évacuation des déblais et au transport des matériaux de construction nécessaires à la remise en marche de la région dévastée. Dès 1924 c'est l'industrie qui s'intéresse à ce moyen de transport fiable et économique ; la sucrerie de Dompierre reconstruite sur le plateau, voyant l'avantage de ce système pour collecter ses betteraves à l'automne sur des sols détrempés et relier les C.F. du Nord à Chaulnes (jusqu'en 1951) ou le canal à Cappy (jusqu'en 1973 !)
L'aventure a failli s'arrêter là… Mais dès 1970 une équipe de jeunes, aussi fous que passionnés, s'est intéressé à cette voie ferrée historique dans le but d'en reprendre l'exploitation dès la fin de l'ère industrielle. La suite de l'histoire est connue de tous et grâce à cette équipe ainsi que tous les bénévoles qui leur ont succédés depuis 46 ans, nous pouvons fêter cette année le centenaire d'un chemin de fer qui n'a jamais cessé de rouler depuis sa construction : Belle performance qui mérite cette commémoration du 5 au 8 mai prochain. Simple lecteur ou acteur du mouvement de préservation ferroviaire, nous espérons votre visite à cette occasion…
L’équipe de l’APPEVA