Il y a un demi-siècle se produisit un grand bouleversement économique et social avec, en particulier, dans le domaine ferroviaire, la disparition de la traction vapeur, la fin des chemins de fer secondaires devenus obsolètes et le démantèlement des réseaux de tramways. A ce moment débute un processus de préservation de ces matériels voués à la démolition ; des collectivités locales et des associations souhaitèrent présenter en plein air des éléments de ce patrimoine pour évoquer un passé historique local ou national. Ainsi à Carhaix la 030+030 E 415 (ex-RB), à Capdenac la 130 B 439, près de périgueux la 150 A 65 ex-P.O., la 231 E 41 à Saint-Pierre-des-Corps (en cours de restauration), la 040 T 22 Corpet à Tournon (restaurée et en service sur le CFV), liste non limitative. Il y a 50 ans également apparaissait une valorisation originale de ce patrimoine avec l'ouverture des premiers chemins de fer touristiques ; phénomène qui, au fil des ans, prit de l'ampleur jusqu'à devenir une nouvelle façon d'envisager les loisirs pour un public désireux de vivre une aventure originale tout en se penchant sur un passé déjà lointain. Alors que, pour beaucoup de voyageurs il s'agissait de faire un “p'tit” tour de manège, un certain nombre d'entre eux, venus sur un site ferroviaire historique, voulurent en savoir davantage sur ce patrimoine préservé qui regroupait matériels et documents.
Ainsi se fit jour une nouvelle idée : associer le train, attraction majeure, à une présentation muséographique de ces matériels et documents, c'est-à-dire créer une sorte de musée vivant. La première réalisation fut celle du pionnier, le Chemin de fer touristique de Pithiviers qui dans une ancienne halle installa quelques véhicules avec une exposition de documents. Le MTVS à Valmondois ouvrit un dépôt-musée dans une grande halle avec, en annexe des locaux de documentation. Mais le premier musée associatif, construit de toutes pièces par l'APPEVA, ouvrit ses portes en 1996 sur 1800 m2 à Froissy sur le CFCD. Conception et réalisation ayant été pensées en fonction de la destination future. Plus récemment, la Compagnie du Chemin de Fer de Semur-en-Vallon a ouvert un intéressant musée appelé à devenir Musée Decauville avec un beau patrimoine préservé. Le Chemin de fer Touristique du Tarn ouvre très bientôt un musée construit pour cette fonction avec une belle collection de véhicules et matériel divers. D'autres projets sont également à l'étude. Grâce à cette démarche, bon nombre de chemins de fer touristiques se sont hissés au niveau de réalisations touristiques majeures en associant le matériel historique d'hier statique au train vivant d'aujourd'hui, grâce (est-il encore besoin de le rappeler ?) à la ténacité des bénévoles et au soutien des collectivités locales ; préservant du même coup des métiers et un savoir-faire sans cela disparus.

Jacques Lefèvre