Editorial Voie Etroite N°289

Décembre 2018-Janvier 2019

Enfumage...

Un bon nombre de citoyens s'élève actuellement contre les augmentations incessantes qui plombent leur quotidien. Et bien évidemment, les chemins de fer touristiques, associatifs ou privés, ne sont pas exemptés de ces ponctions budgétaires. Un article au sujet du Chemin de Fer de la Baie de Somme, paru début novembre dans le quotidien le Courrier Picard, a mis sur la place publique un sujet qui touche justement la plupart des CFT : la taxe carbone. Cette taxe a de nouveau subit une augmentation substantielle début 2018. Alors bien sûr, l'opinion publique répondra que “C'est quand même normal, brûler du charbon ça pollue et les pollueurs doivent payer”. Certes, difficile de contredire cet argument… Mais encore une fois, s'attaque-t-on au bon coupable ? Mesure-t-on les conséquences directes, et les aspects négatifs, de cette mesure ?
Pour le CFBS, un des plus importants CFT de l'hexagone, cette taxe représente la coquette somme de 30.000 €. Une part minime de son budget ? Tout est question de point de vue, mais cela représente quand même l'équivalent de deux emplois que le CFBS ne peut financer, et cela fait suite à la suppression des emplois aidés. En 2022, cette taxe représentera 60.000 €, soit quatre emplois ! Pire l’Etat encaisse 20 % de TVA sur la taxe carbone ! Ajoutons à cela que le CFBS a de ce fait dû baisser le nombre de circulations vapeur au profit du Diesel pour limiter les effets de cette taxe. Alors que la vapeur, c'est ce qui attire les voyageurs. Les mêmes qui, associés aux dépenses locales du CFBS, assurent de nombreuses retombées financières pour le territoire. Ce n'est bien sûr que le cas d'un seul CFT. Il faut étendre cette problématique à l'ensemble des CFT français assurant des circulations vapeur et on en mesurera un peu plus l'impact réel.
Le sujet est sur la table et fut d'ailleurs à l'ordre du jour du congrès 2018 de l'UNECTO qui a eu lieu début novembre sur le Train Thur Doller Alsace. Un travail est entrepris afin d'obtenir l'exonération de cette taxe pour les CFT, comme c’est le cas en Suisse pour les trains et les bateaux à vapeur. Le dossier est donc à suivre avec intérêt.
Quelques éléments de réflexion sur le sujet en guise de conclusion. La France possède encore à ce jour quatre centrales électriques fonctionnant au charbon. La consommation de charbon en France avoisine les 12 millions de tonnes par an (5,8 milliards au niveau mondial), soit plus de 30.000 tonnes par jour. La consommation annuelle de tous les CFT français ne dépasse pas les 1300 tonnes…

David Blondin

VOIE ETROITE est édité par l'APPEVA
BP 70106, 80001 AMIENS CEDEX 1, FRANCE
Tél. : (+33) 03 22 84 44 96
E-Mail : contact@appeva.org