Qui parmi ceux d’entre nous, formant l’équipe des débuts de l’APPEVA, pouvait imaginer ce que serait 50 ans plus tard le train historique et touristique alors en cours de création. Cette folle aventure lancée par trois passionnés commençait avec très peu de moyens et quelques économies personnelles mises temporairement à disposition de l’association. Mais l’enthousiasme et les idées ne manquaient pas, même si tout était à construire et la collection à créer, en attendant que la sucrerie de Dompierre se dessaisisse de son réseau. Il s’agissait donc d’occuper le terrain et de prouver à nos interlocuteurs représentants les collectivités que nous étions capables d’animer ce coin de Picardie et d’y amener les premiers touristes. Même si l’arrivée d’un premier locotracteur puis d’une locomotive à vapeur, intriguait quelques habitants curieux, notre préoccupation était tout autre : Il s’agissait de reposer la voie le long du canal et d’y faire rouler nos premiers trains. Ce qui fut fait le 13 juin 1971…Puis tout s’est enchainé et même accéléré, avec la reprise de la ligne de la sucrerie en 1974 et l’augmentation de la collection qu’il allait falloir abriter (voir p. 42). Mais qui pouvait imaginer que la collection continuerait de s’étoffer au point d’atteindre près de 150 véhicules d’origines diverses, pour la plupart militaires datant de l’époque 1914-1918 (voir p. 28) et que le matériel roulant mis à la disposition de l’exploitation serait révisé, amélioré ou reconstruit de toutes pièces par les bénévoles et quelques salariés devenus techniciens ferroviaires avant d’en faire leur métier. Et pouvait-on imaginer que la voie ferrée de Froissy à Dompierre serait intégralement reconstruite en rails de 30 kg/m grâce à la ténacité d’une petite équipe, disponible au-delà du raisonnable, pour atteindre son but : Améliorer le confort des voyageurs et du matériel.
Et pourtant, alors que le P’tit train de la Haute Somme va fêter ses 50 ans de service touristique, après une carrière militaire puis industrielle commencée en 1916 (il y a 105 ans !) grâce à plus d’une centaine de bénévoles qui se sont succédés pour participer sur le terrain ou au secrétariat, tandis que d’autres (et souvent les mêmes) confectionnaient tous les 2 mois le magazine Voie Etroite dont voici le N° 304 (et qui fêtera ses 50 ans avec le N°309) véritable lien entre tous les groupes qui vivent, comme nous, la même passion au service du patrimoine.
Qui aurait pu imaginer que 50 ans après, au 21e siècle où la technologie est mise d’abord au service du virtuel, il se trouve encore des jeunes pour relever le défi et pour suivre l’œuvre des anciens. Et souhaitons leurs le même succès grâce à la même rigueur que celle qui a permis ce 50e anniversaire !

Alain Blondin