Editorial Voie Etroite N°316
Juin - Juillet 2023
Des musées la nuit…
Les ouvertures nocturnes des musées, événement lancée en 1997 à Berlin et qui est devenu depuis 2005 la Nuit européennes des musées, dirigée en France par le ministère de la Culture, a eu lieu le samedi 13 mai dernier. En 2021, ce sont plus de 1000 musées hexagonaux qui ont accueilli gratuitement plus d'un million de visiteurs. L'opération vise à attirer un public qui ne fréquente pas les musées habituellement, dans une ambiance totalement inédite avec bien souvent des animations et des spectacles organisés pour l'occasion. A l'instar des journées du patrimoine, c'est toujours un succès et les échanges avec les visiteurs sont bien différents des journées d'ouverture habituelles. Plusieurs musées ferroviaires y participent et profitent de cette occasion médiatisée pour sortir de l'ombre aux yeux du grand public. Un comble pour une ouverture de nuit !
A l'inverse, il est une tendance croissante qui consiste, de façon courante, à accueillir les visiteurs dans des salles plongées dans la pénombre. C'est le cas dans plusieurs grands musées, bien souvent professionnels. Il est intéressant, à dose raisonnable, d'utiliser une ambiance nocturne pour mettre l'accent sur certains objets et véhicules à l'aide de sources lumineuses issues du monde du spectacle. Le résultat peut être agréable quand cela est bien dosé et que l'on n'en abuse pas. Le musée des chemins de fer d'Utrecht, au Pays-Bas, reste pour moi une référence en matière de muséographie grand public. Mais point trop n'en faut ! Quand on en arrive à devoir utiliser la lumière de son téléphone pour éclairer une vitrine afin d'essayer d'en deviner le contenu, il y a là un sérieux manque de mesure dans la démarche. Et c'est du vécu, dans un musée ferroviaire national pourtant récent, car ouvert en 2015. Certes, l'amateur de chemins de fer est exigeant, et il peut l'être vu les tarifs d'entrée de certains musées statiques. Mais le grand public qui vient par pur divertissement n'a-t-il pas le droit également de profiter de façon agréable du contenu du musée ? Si l'on veut attiser sa curiosité et qu'il s'intéresse à la chose ferroviaire, pourquoi maltraiter certains sujets ? On passera sous silence, dans ce cas précis, l'absence de panneaux explicatifs… Chacun fait avec ses moyens pour développer, embellir et rendre attractif son espace muséal, et force est de constater que les petites associations s'en sortent plutôt bien avec des moyens somme toute limités. On citera en exemple le dynamique Muséotrain de Semur-en-Vallon qui vient d'inaugurer un nouvel espace (voir article dans ce numéro). Il est en revanche dommage qu'avec les quelques millions d'Euros consacrés à des musées professionnels, on néglige autant des détails de ce genre.
David Blondin