Editorial Voie Etroite N°323

Août-Septembre 2024

Silence, on démoli...

Dans l'éditorial du numéro précédent, je faisais mention des décisions administratives parfois incompréhensibles et allant à l'encontre du patrimoine que nous chérissons.
L'actualité vient à l'instant de nous donner un exemple cinglant de ce manque de considération pour le patrimoine industriel. Ce même patrimoine qui a permis la survie de tant de matériels ferroviaires que nous pouvons contempler aujourd'hui dans les musées ferroviaires et sur les voies de nos chemins de fer touristiques et historiques.
Alors que depuis plusieurs mois, des personnes se sont mobilisées afin d'éviter une issue fatale, c'est par l'administration que le couperet est arrivé. Un permis de démolir a été placardé à l'entrée de l'ancienne briqueterie Chimot à Marly-les-Valenciennes ! Et cette procédure, validée le 3 juin 2024 par la mairie de Marly, précise bien une démolition totale des bâtiments...
Pourtant le Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois avait reçu le 21 juin 2024 une réponse de la Direction Régionale des Affaires Culturelles sur la demande de classement du four Hoffmann. Un avis favorable avait été émis le 15 février 2024 pour instruire le dossier lors d’une commission régionale du patrimoine et de l’architecture.
Force est de constater que la Communauté de Communes de Valenciennes Métropole s'est empressée de faire avancer le dossier à sa manière afin de faire place nette et de récupérer des terrains propices à ses projets d'extension du golf voisin. Quand les amusements de quelques privilégiés prévalent sur le patrimoine commun, on trouve toujours des solutions pour avoir gain de cause. Autant dire que vu la rapidité pour arriver à cette extrémité, seulement 3 mois après avoir récupéré les terrains restitués par le patron de la briqueterie, il n'y avait aucun réel projet de conserver le four Hoffmann de 1904, ni de le réhabiliter pour un hypothétique usage par le golf. Ce site historique, encore prospère il y a un an, et employant une vingtaine de personnes, disparait donc peu à peu sous le rouleau compresseur d'élus peu enclins à préserver le patrimoine. Un patrimoine qui a en l'occurrence permis la construction de nombreux bâtiments de leur propre commune, et de plusieurs centaines d'autres.
Les briqueteries où l'on peut voir évoluer des chemins de fer à voie étroite deviennent donc une rareté qu'il faut s'empresser de couver, tant la fin peut être rapide et imprévisible. Mais personne ne baisse les bras, tant qu'il y a de la brique, il y a de l'espoir !

David Blondin

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