Editorial Voie Etroite N°325

Décembre 2024-Janvier 2025

La guerre, partout...

Non, rassurez-vous, je ne viens pas de me réveiller d'un horrible cauchemar, ni de sombrer dans un extrême fatalisme après avoir regardé le journal télévisé.
Quand on vit en Haute Somme, haut lieu de la première guerre mondiale, on passe difficilement à côté de l'histoire avec un grand H, on baigne même dedans. Pour peu que l'on s'intéresse un minimum à ce qui nous entoure, bien sûr. Alors quand en plus on est fortement impliqué dans une association de préservation de matériels ferroviaires à voie étroite dont 80% ont été construits pour les besoins de ce conflit, on ne baigne plus, on s'enlise ! Et s'il venait l'idée de s'aérer l'esprit par d'autres préoccupations, le week-end du 11 novembre arrive à point nommé pour vous remettre les idées en place.
C'est ainsi que ce dimanche 10 novembre, j'ai eu le plaisir de guider dans le musée des chemins de fer à voie étroite du P'tit train de la Haute Somme un groupe d'une trentaine de cadets du 9e Bataillon du Junior Reserve Officer Training Corps (JROTC), basés à Ansbach en Allemagne. L'occasion d'expliquer à ces jeunes recrues l'importance logistique des chemins de fer à voie étroite, en particulier durant la Bataille de la Somme. Un public conquis d'avance, le devoir de mémoire étant la raison d'être de leur visite annuelle en France et en Belgique pour les commémorations du 11 novembre.
Le lendemain, ce fut donc la cérémonie habituelle au monument aux morts de mon village, accompagné du maire et de quelques administrés, toujours trop peu nombreux. Imaginez si en plus le 11 novembre n'était plus un jour férié !
Et comme cela ne s'arrête jamais, il n'a pas fallu attendre plus tard que le mardi 12 novembre pour voir surgir sur les réseaux sociaux des photos d'un bogie Feldbahn qu'un agriculteur local venait d'extraire d'un champ en y travaillant la terre. Incroyable, plus de 110 ans après le début de la Der des Der ! Après tout, on ne compte plus les obus qui remontent régulièrement à la surface, alors pourquoi pas un bogie. Verra-t-on un jour une locomotive Péchot émerger d'un champ de betteraves ? Ne rigolez pas ! Des anglais ont bien exhumé en 1998, près de Cambrai (Nord), un tank entier enfoui depuis 80 ans sous 5 m de terre.
Préserver et faire vivre ce patrimoine ferroviaire issue des différents conflits, quel qu'en soit son écartement, c'est aussi se souvenir de ceux qui tombèrent pour notre liberté. Cette liberté aujourd'hui encore si précaire à deux pas de nos frontières.
Toujours se souvenir, ne jamais oublier !

David Blondin

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